J’écris, tu lis, on en parle ?

Le pitch est un résumé en une à trois phrases de l’œuvre entière. Oui, c’est peu. Seulement, si vous êtes incapable d’expliquer en quelques phrases votre récit, cela ne signifie-t-il pas qu’il est brouillon, ou par euphémisme « trop compliqué ». Grosso modo, c’est qu’on ne sait pas où ça va, ce qui s’est passé, ce qu’on retire de la lecture du texte.
Pensez un peu à votre fan absolu qui veut parler de votre texte à un ami, pensez à vous sur un salon face à un potentiel acheteur. « Alors, c’est l’histoire d’un mec qui… heu… heu… heu… » Eh bien, ce n’est pas gagné pour avoir un nouveau lecteur…
Un pitch en 2 lignes rend toujours votre récit nunuche. Impossible d’y aborder la complexité de votre œuvre, ça, c’est sûr.
Il doit déjà donner le cadre, il doit donner le ton de l’œuvre, il doit donner une idée du genre dans la SFFF, il doit donner envie de lire le texte entier, non d’un screugneugneu !
Bon, le pitch que vous servez aux lecteurs ne doit pas donner la fin du récit, on est d’accord, mais celui que vous écrivez pour vous le peut. Il faut vraiment se poser quelques questions quand vous allez écrire un texte :

* Je m’adresse à qui ?

— Enfant, jeune, adulte, tout le monde
— Homme, femme, les deux, et le perroquet inclus.
— Dans quel genre : science-fiction, fantasy, fantastique, les trois mon capitaine et dans plein de sous-genres très particuliers au point qu’on se perd dans la liste
— Pour quel amateur d’ambiance ? contemplatif et poétique, romantique, qui aime avoir peur, qui veut de l’action, qui aime rire, ou pleurer, ou frissonner, qui cherche du réalisme, qui aime le gros n’importe quoi, qui recherche de l’exotisme, qui aime la violence, qui déteste la violence, qui veut juste se divertir, qui veut une réflexion et une pensée qui va au-delà.
D’une certaine façon, se demander pour qui vous écrivez, c’est aussi savoir à quel éditeur vous allez vous adresser.
Si vous n’écrivez que pour vous-même, il n’y a pas de souci, mais au moins vous êtes au clair avec votre âme.

* Pourquoi mon texte va-t-il rester dans les mémoires ?

Très bonne question. On peut aimer écrire une histoire pour elle-même. Là encore, c’est honorable. Seulement quand on l’envoie à un éditeur, il faut vraiment se demander en quoi votre histoire va être mémorable.
Il n’y a rien de pire que de lire une histoire une semaine et de ne plus du tout s’en souvenir la semaine suivante. Là, le pari est raté.
Si votre pitch est « c’est un homme qui reçoit une épée ». On va vite vous demander « et alors ? »
Être écrivain, ce n’est pas juste raconter une histoire, c’est faire qu’elle soit inoubliable. Vous avez plusieurs moyens pour cela. Le style certes, mais une belle écriture ne fait pas tout. On le voit avec les appels à textes, les gens qui envoient des récits écrivent tous de mieux en mieux.
S’il faut se démarquer, il va falloir le faire soit par l’ambiance, soit par l’originalité, soit par la force des personnages, soit par l’émotion véhiculée, soit par le rythme (langoureux ou tonique selon le public visé), soit par les idées défendues, soit par la surprise suscitée.
Il faut absolument déclencher chez des lecteurs qui parlent de votre œuvre un « lis ce truc, tu vas voir, c’est trop bien parce que… »