Darkwood (tome 1)

Les Références :

Darkwood
Heaven Forest, tome 1
Edité par Hydralune, le 23/09/2016
ISBN : 979-10-96618-00-2
244 pages, 14 euros (broché), 2,99 € (numérique)
Illustration par Charlotte Granié Cha’peau rouge.

La 4e de couverture

Dans une Double Breytain en plein bouleversement industriel, l’effervescence règne autour du manaschiste, combustible fossile dont l’utilisation révolutionne le monde en cette fin de XIXe siècle. Au cœur du duché de Heaven Forest, peu importent les mutations sur la population engendrée par l’exploitation de ce minerai, les autorités ont d’autres priorités, telle la sécurité du port où la mafia sévit.

Ainsi, quand le cadavre d’un inconnu est retrouvé mutilé près des docks, on confie l’affaire – certes singulière, mais de faible importance – à l’inspecteur détective Rhys Overlake, arrivé le jour même en ville. Et si cette enquête s’avérait bien plus complexe qu’un malheureux fait divers sordide ?

Extrait du tome 1

— M’sieur !

Le gamin dépassa Rhys, effectua un véloce demi-tour et s’arrêta devant la personne qui venait juste de passer derrière lui.

— Pour vous ! expliqua le porteur de la missive à l’inconnu.

— Pour moi ? s’étonna l’interpellé. Merci, mon garçon.

L’homme adressa un sourire au petit coursier et récupéra le courrier. Il lut l’inscription à son dos, hocha la tête, puis retourna le pli. Aucun cachet ne scellait la lettre. Le gentleman cala son élégante canne en métal ouvragé sous son bras afin de libérer ses mains, puis il retira d’un geste expert ses gants et les glissa dans ses poches. Il enfila alors un doigt dans la fente prévue sur le côté de l’enveloppe. Il la déchira et prit connaissance de son contenu.

— Qu’est-ce que…

Dans un mouvement surpris, l’homme pivota à cent quatre-vingts degrés : le garçonnet avait disparu. Sa brutale rotation amena les pans de son long manteau à fouetter violemment les jambes de Rhys. Le bout de la canne frappa sa rotule et le coup lui arracha un cri tandis qu’il ployait. Il lança les mains et attrapa l’avant-bras droit de l’inconnu pour s’empêcher de tomber, ce qui déstabilisa à son tour l’individu. Il leur fallut une seconde pour rétablir leur équilibre mutuel.

— Pardon, je suis confus !

— Cela n’est rien, l’excusa Rhys alors qu’ils mettaient fin à leur embrassade accidentelle.

Il entreprit de réajuster sa tenue : il réaligna les plis de son manteau brun au-dessus de sa chemise et repositionna son chapeau melon qui avait glissé lors du heurt. L’inconnu par contre ne s’était pas occupé de son apparence, son regard gris balayait la rue.

— Disparu… souffla-t-il. Une vraie ombre.

— Il aura déjà reçu sa pièce pour vous donner ce courrier, suggéra Rhys en ramassant l’enveloppe.

Elle avait échappé aux mains de son propriétaire lors de leur bousculade. Elle n’avait aucune particularité à part la blancheur parfaite de son papier et le tracé élégant de deux mots à l’encre d’un violet sombre. Else Other, quoi que cela puisse signifier.

Où le trouver ?

Disponible en version papier sur Hydralune et Amazon
En version numérique sur Hydralune, Amazon, Kobo

Quels avis et critiques sur ce tome 1 ?

(N’hésitez pas à lire les chroniques entières sur les sites)

  • Charlotte Bona, dans le fanzine Fantastique ! (2020) : article : les autrices francophones de ma bibliothèque

Andréa Deslacs est une autrice française de nouvelles, de novellas (j’ai adoré “La Fièvre de l’or rouge”) et d’une incroyable multilogie de Gaslmap, Heaven Forest (steampunk, mais version fantasy). C’est bourré d’humour noir, la plume de l’autrice est trempée dans le vitriol et l’univers d’Heaven Forest peut être comparé sans rougir à ceux des plus grands auteurs de fantasy. D’après mes sources, le dernier tome est en cours d’écriture. Ses romans et novellas sont publiés chez Hydralune, une maison d’édition associative.

J’ai été séduite dès les premières pages par ce premier tome de Heaven Forest. On plonge d’emblée dans une ambiance Vieille Angleterre [..] Après quelques chapitres de présentation des personnages qui prendront part à l’intrigue, on entre rapidement dans le vif du sujet avec le meurtre violent d’Else Other, botaniste et chimiste travaillant pour l’industrie pharmaceutique et sur lequel Rhys Overlake sera chargé d’enquêter.
Alors que je m’attendais à ce que l’enquête éclaire un peu les questions qui nous sont posées autour de ce meurtre et des protagonistes, on s’enfonce au contraire encore plus dans l’ombre et les mystères s’épaississent. A ce stade, je n’ai plus lâché le livre jusqu’à la fin. [..] J’ai trouvé le héros, Rhys, très intéressant et l’énigme autour de « son intuition » très bien amenée. Rien ici n’est décrit de manière franche et cette distillation des informations encourage la lecture. [..] Quant aux autres personnages, ils sont tous très charismatiques et différents. Chacun d’entre eux jouent un rôle important dans l’histoire. Leurs personnalités très distinctes apportent beaucoup de fraîcheur au roman. […] L’alternance narrative à chaque chapitre est un autre élément que j’ai apprécié ; cela donnait un rythme particulier à Darkwood. Cette alternance permet en outre de rentrer dans l’intimité de chaque personnage et de découvrir ses secrets et ceux de sa famille. J’ai personnellement trouvé que c’était très bien écrit et qu’il y avait une bonne unité dans l’intrigue dans son ensemble. […]

Des personnages que j’adore, d’autres un peu moins… Tous se révèlent intéressants, complexes, avec une véritable personnalité, même si certains sortent un peu du lot. Avec l’univers, le point fort de ce cycle à mon avis. Gardez l’œil quand même sur les personnages qui passent en coup de vent, vous les reverrez peut-être plus tard . […]Mais mon préféré… C’est Else Other. A la fois charismatique et curieusement… pas à sa place dans cet environnement, intriguant… Je ne peux malheureusement pas vous en dire plus sans trop en dévoiler.
[…]. Vous voyez les oignons ? Avec leurs différentes enveloppes ? Plus on s’enfonce dans Darkwood, plus on en découvre. J’ai repéré un certain nombre d’éléments lors de ma seconde lecture, auxquels je n’avais pas forcément prêté attention au premier abord (même si j’avais vu quelques petits trucs).
Le style est bon sans être compliqué, pas mal basé sur les interactions entre les personnages et leurs interrogations intérieures, ce que je préfère. […]
[…] ce premier tome est déjà très intéressant et met pas mal de choses en place pour la suite. L’univers et les personnages sont fascinants alors qu’on n’en connaît encore pas grand chose, les chapitres s’enchaînent facilement.
Pour le reste, je vous donne prochainement rendez-vous dans la Grande Forêt, pour le tome 2

Andréa Deslacs, qui a sorti ce roman au sein du collectif d’auteurs Hydralune, nous propose ainsi le premier volet d’une heptalogie dont le point de départ est un meurtre sordide. Son écriture est posée et l’univers, qui mêle pourtant plusieurs genres, ne souffre d’aucun défaut. La richesse et la justesse des détails, pour donner corps à l’atmosphère des scènes, est un gros point fort. D’ailleurs, à la lecture de ce titre, on sent que l’auteure possède déjà un sacré bagage derrière elle. […] Par ailleurs, que le lecteur soit rassuré, moi qui répète régulièrement : « J’adore les récits rythmés ». La qualité de ce roman m’a rappelé qu’en fin de compte j’adore simplement les récits bien écrits. Pour moi ce pari est donc réussi.

J’ai eu la chance de rencontrer l’auteur à plusieurs reprises et elle m’a confié, en septembre dernier son dernier roman. Je ne connaissais ni le sujet ni le résumé au moment de lire les premiers mots ce qui est très agréable.[…]
L’ambiance, dans les premières pages, est orientée vers un petit côté vieille Angleterre, à la limite du steampunck avec ce train qui file (ou pas) à travers l’île. Les descriptions et les informations relatives au personnage principal sont liées dans une mise en place riche. Et déjà, les mots et le style travaillé m’ont embarqué et fait tourner les pages (de la liseuse). […] Si la mort est violente, l’enquête est menée avec délicatesse. Overlake, le nouvel inspecteur de la ville, joue sur ses intuitions et sur une mémoire visuelle qui lui permet de se souvenir de détails importants. […]L’auteure a joué sur une narration en alternance, et focalise son regard sur les différents acteurs du livre. Ainsi, chaque chapitre s’axe sur un personnage et donne son point de vue de l’histoire à un moment clé. Comme l’ensemble reste chronologique, le lecteur devient spectateur de scène que les autres protagonistes ne connaissent pas, et donc d’infirmations primordiales à la compréhension de l’intrigue. […]Les personnages, loin d’être caricaturaux, sont très charismatiques.

Andréa Deslacs cherchait des relecteurs pour ces trois premiers tomes, et je me suis inscrite. Impossible par la suite de décrocher de cette histoire.Ce qui m’a d’abord séduite, c’est l’ambiance. Imaginez une ville portuaire et industrielle, à la fois sale et séduisante, comme l’a pu l’être la Londres de la fin du XIXe.L’univers est très travaillé, très crédible et on en découvre les aspects en suivant les pas de l’inspecteur Rhys Overlake, fraîchement débarqué en ville.[…] Je me suis laissée prendre au jeu de cette enquête, et rapidement, j’ai compris que Darkwood n’était pas ce qu’elle semblait être réellement, et que la ville cachait beaucoup, beaucoup de secrets…[…] Bref, une belle galerie de personnages, tous avec leurs fêlures, leurs nuances, leurs rêves et leurs cauchemars.

Alors que dire de ce roman ?
Pour commencer, j’ai découvert un nouveau sous-genre du fantastique, le Gaslamp fantasy.
Mais Darkwood n’est pas que cela. C’est une uchronie steampunk fantasy de type victorienne avec une enquête policière au premier plan. Oui rien que ça.
Ça m’a fait pensé à la série Les Enquêtes de Murdoch sur France 3 à l’époque où je regardais encore un peu la télé.
Le travail et l’univers est énorme ! J’ai pu vivre dans ce monde tant les descriptions nous permettent de l’imaginer. Bon cela ressemble énormément à l’Angleterre du XIXè siècle.
Les personnages sont un peu caricaturés mais pas trop, ils sont ce que l’on attend d’eux !
Mais pour moi, c’est surtout le style, le rythme, la finition de cette histoire qui m’a bluffé.
C’est un des livres les plus aboutis qu’il m’a été permis de lire, même si c’est un peu académique comme façon d’écrire, pour moi.
Il a cet équilibre que j’adore entre l’histoire, l’univers, les personnages et les émotions qu’il distille.
Tout comme dans Les Cordes écarlates, j’ai voyagé. Je devais me forcer pour faire des pauses.
Je suis arrivé à la dernière page et… J’en veux encore !
Vous l’aurez compris, pour moi c’est un #CoupdeCoeur.
Faites vous plaisir en découvrant cette plume mais également ce livre.
Bonne lecture.

   La plume de l’autrice est fluide, la prose adaptée à l’univers, on se laisse facilement porter et à aucun moment, je ne me suis retrouvée à buter sur un terme ou une phrase. Je crains ne pouvoir en dire beaucoup plus, mais le fait de voir au-delà des mots pour se concentrer sur l’histoire est, pour moi, un excellent point.

Concernant la structure globale du récit, ce premier tome est découpé en 9 chapitres, chacun se basant sur un point de vue principal distinct. […]  En l’état, le récit pousse le lecteur en quête de la suite, démarche qui se justifie, comme au sein de nombreuses sagas. Démarche d’autant plus réussie que la fin du tome relance l’intérêt en accélérant la cadence (au sens propre comme au figuré ^^). […]

PERSONNAGES ET FIGURANTS :   Il s’agit du point le plus développé dans ce premier tome et donc, de l’aspect le plus appréciable pour ma part, avec l’univers. La multiplication des points de vue permet de mieux comprendre certains personnages, d’en apprendre davantage sur leur passé et surtout, de distiller des détails qui, je pense, auront une importance par la suite.[…]

Je finis cette partie avec des personnages secondaires mais ô combien essentiels à mes yeux, les mutants. Des gens nés difformes à cause de l’exploitation du manaschiste, dotés de caractéristiques d’une très grande diversité, sur lesquels on pose un regard indifférent, faute de mieux. Ils sont présents, partout, et s’ils ne sont pas les personnages principaux du récit, ils ont le mérite de nous faire nous interroger sur ce qu’est l’humanité.

La religion y a ainsi un rôle essentiel […]   L’autre point d’intérêt du récit est l’aspect politique. […] Dernier point que je ne détaillerai pas, l’aspect fantastique. Présent en fond tout le long du récit, se mêlant avec ingéniosité aux passages plus angoissants, il se renforce au fil des pages et invite bien évidemment à en apprendre davantage par la suite. 😉

L’intrigue prend l’aspect d’une enquête policière suite à la découverte d’un cadavre mutilé dans le secteur attribué à l’inspecteur Overlake. On y retrouve des ressorts coutumiers, analyses d’indices, interrogatoires de l’entourage, perquisitions… Je n’ai personnellement pas été déçue de ce côté là, même si le développement, dont j’ai pu parler plus haut, accorde plus de temps aux personnages qu’à l’enquête elle-même. C’est par ailleurs la lente évolution de cet axe qui m’a mis la puce à l’oreille concernant la fin de ce premier tome.

CONCLUSION ET AVIS GÉNÉRAL :   Ceux qui aiment les récits rythmés avec une intrigue principale bouclée à chaque fin de tome seront peut-être un peu déroutés. Il n’en ressort pas moins, à l’issu de cette lecture, un sentiment d’affection pour l’univers et les personnages, l’autrice ayant pris grand soin à nous les présenter et à nous les faire apprécier. Ainsi, même si les interrogations demeurent nombreuses, je suis certaine que l’invitation à Heaven Forest donne les clefs d’une aventure passionnante dans un univers riche et original. En route pour le tome 2 ! 🙂 Et vous, quand prenez-vous le train chez Hydralune pour rejoindre Darkwood ? 😉

3 critiques en ligne à découvrir.

Plus de 12 avis à lire.

Point noir commun à toutes les critiques : il faut lire le tome 2 pour poursuite de l’enquête. Bienvenue dans “Solitudes et Sacrifices” (tome 2)