Hugo Van Der Goes, le grand primitif flamand, de Yann Quero

Résumé officiel :

Une immersion dans l’univers de la peinture flamande du XVe siècle à travers 30 ans de la vie d’un de ses plus éminents représentants.

L’ouvrage permet de s’immerger dans le quotidien des artistes de Flandre, alors sous tutelle bourguignonne, mais aussi de découvrir le sens du religieux et du merveilleux tels que les concevaient les hommes dans la deuxième moitié du XVe siècle et de comprendre les relations entre les peintres et les notables de l’époque.

À ce titre, Hugo van der Goes a notamment participé aux décorations du mariage de Charles le Téméraire avec Marguerite d’York et côtoyé les banquiers des Médicis ainsi que Maximilien d’Autriche.

À travers ses personnages, le livre est l’occasion de dresser une fresque historique du monde connu au Moyen Âge, de l’Europe au monde turc qui menaçait la chrétienté.

4e de couverture :

Hugo van der Goes, aujourd’hui injustement oublié, fait partie des plus grands peintres primitifs flamands, du XVe siècle. Son œuvre est reconnue et admirée par ses pairs pour sa puissance, son caractère innovant et mystique.

Ce roman, centré sur la vie du primitif flamand, retrace avec un grand souci d’authenticité artistique sa carrière de 1452 à 1482. Il explore le quotidien des artistes de l’épique, dans un contexte où la Flandre était rattachée à la Bourgogne et où s’exacerbaient les rivalités entre Louis XI, Charles le Téméraire, la papauté, les Médicis et le Sultan turc Mehmed II.

Par-delà les incertitudes dans sa biographie, la trame est une des plus plausibles qu’on puisse envisager, pourvu qu’on l’on accepte de laisser la magie de l’imaginaire et des croyances du Moyen Âge combler les vides autour d’une œuvre aussi géniale qu’énigmatique.

Mon avis

Rarement ai-je lu 4e de couverture qui décrit aussi bien une œuvre, sans en dévoiler la moindre indiscrétion ni la fin, encore une qualité à souligner.

Le style se lit bien, sur le vocabulaire et les dialogues, pas de soucis si vous avez l’âme d’un moderne et que vous n’avez pas un diplôme en lettres classiques. C’est fluide. La construction se fait en 54 chapitres bien équilibrés sur un tome de 620 pages. On se prend régulièrement à se dire « encore un petit chapitre et j’éteins la lumière », puis à tourner au suivant. S’ajoutent à l’ouvrage des photos des tableaux, dessins ou esquisses, et si on se demande pourquoi ces derniers issus de musées sont l’illustration qu’on nous présente et non l’œuvre finie, l’explication est dans le roman et ses prédictions. La présence des images en noir et blanc, nombreuses et en pleine page, est un vrai atout.

L’intrigue :

On suit Hugo van der Goes de ses débuts comme apprentis, puis comme peintre aux talents reconnus par ses contemporains. Le récit est chronologique et s’inscrit dans la Grande Histoire, celles des rois, des ducs, de l’authentique Dracula, des papes, des sultans et des banquiers. Les guerres, les mariages, les naissances, les mots des grands du monde rythment la vie du peuple. Ainsi, on en apprend beaucoup sur les petites commandes du quotidien de l’artiste, tout comme sur la création de ses œuvres majeures qui lui prennent des années. Le siècle a son lot de morts, de victimes en cas de rébellion, d’épidémie, c’est une période rude et dangereuse. Il n’est pas bon de faire de la politique, Hugo tente de s’en tenir le plus loin possible, mais souvent l’actualité le rattrape.

On découvre surtout beaucoup de choses sur la peinture, sur les supports, sur les glacis, sur la vie des ateliers, sur les symboliques dans cette peinture vouée à des messages religieux (et parfois politiques ou narcissiques…)

Les personnages:

Hugo est un homme attachant, timide, pudique, honnête, très respectueux de sa religion. Il a une culture classique et s’il a beaucoup appris auprès de ses professeurs, il douée pour les compositions complexes, les clairs obscurs ou des cadrages originaux. Il a une volonté forte de transmettre les émotions dans ses personnages, d’être proche du peuple, d’éviter de l’effrayer. Autour de lui gravitent bien des personnages, avec une mention spéciale pour sa petite sœur fan de la Duchesse Marie, pour son ami oiseleur, ou pour son 2e maître Joos qui l’a pris sous son aile.

Historique et mystérieux :

Comme le dit la 4e de couverture, des éléments “d’imaginaire” s’invitent dans le scénario. Si on sourira aux dragons chauve-souris et à ces fameuses licornes que beaucoup ont vues sans qu’on en voie une seule, une véritable trame fantastique, avec un élément perturbateur dans l’intrigue. On appréciera ou non cette intrusion dans le récit, mais il peut se comprendre, à la fois pour sans doute inventer les brusques changements de trajectoires du peintre dans ce récit biographique, et pour aussi pimenter le roman.

Au total

Ce roman est impressionnant parce qu’on s’imagine sans mal le travail de recherches colossal qu’il a dû demander. On apprend beaucoup sur l’art et sur cette époque, sans effort à travers cette lecture. Yann Quero rend attachant Hugo van der Goes, et peut-être qu’après ce livre on reconnaîtra plus facilement sa patte sur les murs des musées au gré de nos déambulations.

En quelques mots :

* Attachant

* Instructif sans être rébarbatifs

* Impressionnants de documentations, générant une trame des plus réalistes

* Une inclusion du fantastique qui dépendra de la sensibilité de chacun.

* A découvrir !

PS : Faudrait tout de même que je me renseigne pour savoir ce qu’on appelle un « peintre primitif »…