Futurs Simples – Volume 1, anthologie Arkuiris

Anthologie dirigée par Cécile Péguin, illustrée par Thierry Clet

Concept : “Rendre la littérature de science-fiction accessible aux personnes ayant des troubles « dys » ou maîtrisant encore peu le français écrit, tel est l’objectif de la collection « Futurs simples ».
Le premier volume de cette collection comprend 5 histoires courtes. Ces nouvelles sont issues d’anthologies des éditions Arkuiris, destinées à un public adulte. Elles ont été modifiées afin de permettre une lecture plus facile, plus agréable : phrases courtes, vocabulaire plus simple, mise en forme adaptée.
Ces 5 histoires permettent de nourrir l’imaginaire, d’aborder des sujets sérieux ou de rêver, en aidant des ados ou adultes en apprentissage ou rééducation à découvrir ou retrouver le plaisir de lire.
Les personnages amusants ou dangereux de ces histoires sont prêts à vous accompagner dans des univers futuristes.”

Le Style

Quand on m’a conseillé de lire ce recueil, j’étais à la fois curieuse, mais avec une certaine appréhension. Dès la préface de Cécile Péguin, j’étais rassurée : ce recueil vise un public adolescent et adulte. Enfin, on peut partir du principe d’une personne dys peut grandir un jour et avoir besoin envie de lire après leurs années scolaires pour découvrir des récits qui invitent à se questionner.
Ces nouvelles sont issues d’autres anthologies éditées chez Arkuiris, comme indiquées, beaucoup semblent liées aux thèmes du réchauffement climatique. Avec l’accord des auteurs, Cécile Péguin les a modifiées et je dois dire que le résultat est très réussi. Le style est ainsi fluide, sans être simpliste. Cela se lit donc très vite.

Une mise en page illustrée

Les textes sont mis en valeur par des illustrations en couleur, signées d’un artiste que j’ai justement rencontré via Arkuiris et dont j’aime beaucoup le travail : Thierry Clet. Ici, on y retrouve son sens esthétique et poétique, la transcription des émotions de certains protagonistes et des allures de contes pour certaines des histoires.

Revenons sur les 5 nouvelles :

      • Pour une belle voiture, de Jean-Marc Sire
        Il s’agit d’un texte léger de divertissement. Quelles sont ses propres limites pour acquérir un bien, privilégier le paraître, trouver de l’argent ? Pour se payer une belle voiture, le héros va-t-il devoir payer de sa personne ? Et à ses yeux, tout n’a pas la même importance, là encore considérations personnelles et raison rivalisent.
      • Vive la nature ! de Jean-Yves Carlen
        Il s’agit d’un texte contemplatif, où toutes les saisons s’enchaînent en une journée grâce aux soins d’une scientifique, très douée pour s’occuper de cette nature, si importante pour le moral, mais si éphémère.
        Un texte qui se veut plus poétique et sensible que scientifiquement réaliste (notamment sur l’alimentation des survivants), mais il trouvera ses amateurs.
      • Partir pour guérir, de Sophie Fedy
        Un père qui travaille dans une usine de recyclage est inquiet pour le mauvais état de santé de sa fille à cause de la pollution arienne et rêve de profiter d’une cure thermale pour émigrer dans un pays du Sud ou dans un pays qui accepte les étrangers.
        Il s’agit donc d’un texte sur la pollution, sur les énergies nucléaires/fossiles/renouvelables, sur les pays déchets, sur le tourisme médical, et surtout avec une inversion intéressante de l’émigration entre l’Occident et les pays du Sud ou de l’Est.
      • Disparaissez ! de Jean-Pierre Andrevon
        Un petit texte de SF fantastique aux allures de conte, avec un gamin qui n’aime pas grand monde, ni dans sa famille ni dans son école, dans sa ville en lien avec une centrale nucléaire. Or, il se découvre le pouvoir de réaliser l’un de ses plus fervents souhaits, plusieurs fois. Mais ne doit-on pas se méfier de ce qu’on souhaite dans un moment de colère, ou sans prendre le temps de réfléchir ?
        Il est toujours plus simple de détruire que de créer ou d’accepter autrui.
        Et sinon, c’est connu, les psychopathes n’ont pas eu une enfance facile.
      • Un rongeur très séducteur, de Yann Quero
        L’histoire démarre avec une illustration de Thierry Clet qui met une bonne claque au niveau visuel. Le récit est très riche, il parle de la lutte contre la vieillesse, le regard sur soi, la jalousie, le pouvoir, l’expérimentation humaine, l’indifférence à l’humanité et aux vivants. Le texte évoquera à beaucoup le Parfum de Suskind, et ce texte qui est une belle réussite conclut parfaitement l’anthologie.

Au total,

Le plaisir de lecture est vraiment là, le recueil va permettre aux familles et amis de se rejoindre : de lire des textes communs quelles que soient les difficultés de lecture de certains et pas d’autres, pour en discuter. On en oublie que cette antho a été conçue pour un public en particulier. Franchement, j’attendrais le tome 2 avec plaisir.