Le peuple d’argile, de David Brin
La Presse de la cité
615 pages, 21 €
David Brin est surtout célèbre pour Marée Stellaire, récit où un navire terrien au personnel humain, orque, dauphin et chimpanzé découvre la relique de l’un des Fondateurs de l’univers intelligent. Tandis qu’ils tentent de rapporter ce trésor inestimable, ils se retrouvent plongés dans la tourmente. Œuvre écrite en 1963, les passionnés attendent la suite avec impatience, mais il vient un moment où il faut arrêter de se leurrer : elle ne sera probablement jamais rédigée.
L’auteur a repris cet univers où les races les plus intelligentes de la Terre ont été élevées à la parole et à des postes prestigieux dans la société. La série se nomme d’ailleurs « Évolution ». Le cycle se révèle bien plus intéressant que celui de la saga de science fantasy « Rédemption» du même auteur.
Cependant, je vous parlerai aujourd’hui d’un one-shot. Pas de La Jeune fille et les clones, un autre jour peut-être… Non, je vais vous entretenir du « Peuple d’argile ».
On trouve sur le net des avis déçus concernant ce roman, je ne les partage pas. Au contraire, ce récit a de nombreuses qualités à mes yeux.
Tout d’abord, il s’agit d’une enquête policière dans un univers de science-fiction. Le monde a bien évolué et désormais on peut disposer chez soi d’un appareil plus ou moins performant de clonage. On obtient ainsi un « dittos », un double de soi-même créé en argile et vêtu de vêtements de papier afin d’appuyer la différence avec leurs originaux. Ce clone a une durée de vie limitée (surtout si vous l’envoyez accomplir une mission dangereuse…). Il est doté de la mémoire de l’humain original au moment de sa fabrication. Puis, il va mener la tâche qui lui a été confiée avant de revenir chez son propriétaire et de retourner dans la machine pour lui fournir le souvenir des événements de la journée.
Ainsi, Albert Morris se croit bien tranquille pour mener une enquête à distance sur des dittos rouges dotés d’étranges états d’âme. Il ne s’attend pas à tomber sur un complot à même de bouleverser son monde, ni de devoir s’impliquer en personne dans l’affaire. D’autant qu’un de ses doubles d’argile n’a guère envie de passer au recyclage en fin de journée et que pour mener à bien cette mission, de sérieux renforts risquent d’être nécessaires !
Certes, peut-être que certains passages sont traités de façon un peu rapides, mais cela appuie aussi la dynamique du rythme. À aucun moment, je n’ai eu l’impression d’une enquête bâclée, ni d’un deus ex machina.
Action, aventure, péril imminent, enquête, humour, personnages attachants, réflexions sur la notion de « soi », de créatures « sensibles » ou du moins « douées de réflexions », ce roman a tout pour emporter le lecteur dans son univers singulier.