Bob Johansson vient de vendre son entreprise d’informatique et a hâte de pouvoir enfin profiter de la vie. Tant de lieux à visiter, de livres à lire et de films à voir… Il est donc un peu injuste qu’il se fasse écraser en traversant la rue.
Lorsque Bob revient à lui, un siècle plus tard, c’est pour découvrir que les « congelés » n’ont aucun droit, et qu’il appartient désormais au gouvernement. Téléchargé dans un ordinateur, il est pressenti pour devenir l’IA aux commandes d’une sonde interstellaire destinée à la recherche de planètes habitables. Les enjeux sont considérables. S’il refuse cet honneur, on l’éteindra, et un autre prendra sa place. S’il accepte, il deviendra une cible de choix. Au moins trois autres puissances tentent d’être les premières à envoyer leur sonde, et tous les coups sont permis. Pour Bob, l’endroit le plus sûr, c’est dans l’espace, le plus loin possible de la Terre. C’est du moins ce qu’il croit. Parce que l’univers regorge de mauvaises surprises, et les intrus sont mal vus. Très mal vus…
Avis
Le titre m’a toujours un peu intrigué et la couverture aussi. Le début m’a rappelé un chapitre de ma thèse de médecine : la cryothérapie. Ainsi, Bob ingénieur et informaticien de génie profite de sa fortune pour souscrire une assurance de cryothérapie. En allant le jour même à une convention sur l’espace et sur la SF, il ne s’attendait pas à rentabiliser si vite ce contrat. Hop hop, voilà son cerveau congelé en attendant qu’on puisse lui rendre la santé et un corps. Quatre siècles passent ainsi avant qu’il ne se réveille. Il a été répliqué, et on teste ses aptitudes dans un bien étrange labo. Il se prête d’autant mieux au jeu qu’il semble qu’une mission spatiale pourrait le concerner s’il réussit les tests. Certes, l’Amérique est tombée au moins de fanatiques religieux pour lesquels, son existence post mortem est presque hérétique, mais à l’idée d’explorer l’univers, de trouver de nouvelles traces de vie, de préparer une nouvelle planète pour l’arrivée des Hommes sur une planète au bord de l’implosion et de la guerre. Quel challenge ! Et si la solitude le pèse, pourquoi ne pas se répliquer encore et encore ? Jusqu’à devenir une légion de Bob ?
Le récit est donc en plusieurs parties, avec une partie sur Terre avant le départ spatial, puis à travers les galaxies. Le style est moderne, décomplexé, Bob a une tendance cool naturelle et beaucoup d’humour. Du moins, le premier Bob. Car à force de se répliquer, certaines de ses facettes sont plus ou moins exacerbées chez ses « descendants ». Et comme c’est un formidable curieux, un inventeur de génie, et un scientifique, il a toute la rigueur nécessaire pour faire de belles découvertes. Grand fan de SF, les références geek sont nombreuses et raviront les fans dont je ne suis pas.
On rit bien. On réfléchit. Le récit explore la notion du « soi », de « l’identité », des IA, du but à donner à sa vie, la notion de famille et d’amitié, à l’évolution des espèces et à l’imbécillité humaine avec ses guerres fratricides et ses croyances bornées.
Le fil conducteur est un peu flou d’un chapitre à l’autre. J’ai lu que c’était construit sur une suite de problèmes techniques à résoudre dans des avis, c’est un peu ça, c’est donc plus une série de pointillés qu’un fil conducteur fluide. On passe de Bob à ses réplicants, chacun avec sa mission et son centre d’intérêt. Ça se lit bien, c’est plaisant. Je ne suis cependant pas sûre de lire les autres tomes, j’ai l’impression d’avoir fait le tour de la thématique avec ce premier récit.