Prolepse et Analepse :

Deux procédés narratifs dont il ne faut pas abuser.

Si vous ne connaissez pas ces deux termes, vous connaissez les procédés. En anglais déjà, ils vous parlent davantage : flash-back et forward.

Prolepse

Ex : Pistolet gamma à la main, il claqua en grand la porte du bureau du professeur Wiang au 54e étage de la tour P.O.E.

— Tes mains loin du clavier ! Ou je te dézingue, vieux fou !

Le professeur frémit à peine, mais s’exécuta sous la menace. John lui était fébrile, les mains en sueur sur son arme dont le canon ne devait pas dévier. Arriver jusque-là n’avait pas été une sine cure. D’abord, il avait fallu bousculer au café du coin un employé de ménage pour récupérer son passe d’entrée. Puis, John avait dû créer une diversion pour détourner l’attention des gardes à l’entrée de l’immeuble, le temps de passer le sas d’entrée sans montrer son visage. Ensuite… etc.

Ce procédé permet :

De commencer par un élément fort narratif qui retient l’attention du lecteur.

* Créer un effet de surprise, car on n’a pas assisté à toutes les scènes et l’on souhaite savoir ce que l’on a raté.

* Passer rapidement sur une série d’événements dont la narration chronologique n’aurait pas apporté grand-chose à l’œuvre entière.

Bien entendu, plus cette narration en « flash-back » est brève, moins le temps de l’action est haché. Le lecteur est déjà prêt à embrayer sur la suite, et accepte de ne pas connaître tous les détails de la transition d’un passage à un autre de l’histoire. C’est typiquement un procédé de début de chapitre.

 À utiliser avec parcimonie !

L’Analepse

L’analepse est donc le contraire : ce procédé narratif annonce la suite (anticipation sur la suite de l’histoire).

On le rencontre souvent en 2 occasions :

– Analepse placée au cœur du récit.

Elle survient à un moment où la trame de l’histoire aurait pu changer. Cela permet au lecteur de sentir qu’on se trouve sur un point de bascule, à l’instant où un « choix » (conscient ou inconscient) est effectué.

Ex : S’il avait su, il n’aurait pas…

Ex 2 : Plus tard, il regrettait ces paroles/se souviendrait de ce moment.

Attention, cela annonce aussi que tout ce qui se passe entre « maintenant » et l’heure de la grande révélation « ah mais, oui… ! » laissera le personnage en vie. Car, il faut être vivant pour regretter… Ainsi la crainte pour la survie du héros peut s’altérer transitoirement dans l’esprit du lecteur.

– Analepse placée en fin de chapitre ou de partie.

Ex : J’aurai dû prévoir que le sergent me retrouverait ! Mais pour l’heure j’étais encore innocent et je me pensais à l’abri. Laissez-moi vous raconter comment cela s’est passé…

Ici, en fin de chapitre, le but est de lancer une carotte, de susciter la curiosité : le « allez, encore une petite page et je ferme le livre pour dormir ».

Le principal défi est de garder cette curiosité éveillée et de la coupler à un sentiment d’incertitude. Si le lecteur sait comment cela va finir, le dénouement ne l’intéresse plus. Par contre, il veut connaître le chemin pris pour arriver là. Il attend assez de rebondissements pour croire à chaque fois que le récit s’est achevé là, et être heureusement surpris, inquiet ou amusé par telle ou telle péripétie.

Là encore, tout abus sur un roman entier va finir par créer de l’agacement, et si les pages qui comblent l’annonce d’un fait et sa réalisation ne sont pas à la hauteur des attentes, le lecteur va commencer à sauter joyeusement les pages, à la recherche d’inconnu et d’imprévu.