— Mes hommes poursuivent leurs recherches, annonça Salomon. Et de votre côté ?

— Je tente d’identifier l’assassin d’après les blessures infligées à la victime, lui expliqua Airon. Je fais chou blanc, mais maintenant je sais qui engager si un jour je veux me débarrasser d’une maîtresse geignarde ou d’une épouse encombrante. Quant à Rhys, il semble mourir d’ennui en consultant ou en relisant les longues pages de biographie qu’ont rédigées tes braves agents au sujet d’Else Other.

Les deux détectives avaient laissé tomber entre eux les grades et les noms de famille. Au-delà de leur soirée de la veille chez Emma Offlight, les six tasses d’un très mauvais thé zindien avalées dans ce bureau confiné avaient scellé, dans la matinée, leur amitié.

— Tout le monde témoigne de la même façon au sujet d’Else Other, grogna Rhys. Grosso modo, tous le louent comme un saint. Un bon chef d’équipe, un bon mari, un bon père, un bon maître. Un être patient et généreux. Un mécène et un humaniste. Bref, l’homme parfait.

— Rien qu’à cause du fait horrible que cela puisse exister sur Terre, je connaîtrais bien des personnes prêtes à l’assassiner, bougonna Airon. Et je ne crois pas une seconde en sa sainteté. Ce type cache quelque chose.

— Son aura irradiait avec force… murmura Rhys en se remémorant leur rencontre. Il dégageait un vrai charisme.

— Un homme charmant en plus, s’assombrit Airon. Sommes-nous obligés d’arrêter son tueur ? Ne peut-on pas lui filer plutôt une médaille ?

Devant la remarque inappropriée, Rhys haussa un sourcil, puis soupira :

— Il doit bien exister une raison particulière pour qu’on ait assassiné cet homme.