Audiobook lu par Benjamin Jungers
Quatrième de couverture
Automne 1830, dans un Paris fiévreux encore sous le choc des Journées révolutionnaires de juillet, le gouvernement de Louis-Philippe, nouveau roi des Français, tente de juguler une opposition divisée mais virulente.
Valentin Verne, jeune inspecteur du service des mœurs, est muté à la brigade de Sûreté fondée quelques années plus tôt par le fameux Vidocq. Il doit élucider une série de morts étranges susceptible de déstabiliser le régime.
Car la science qui progresse, mêlée à l’ésotérisme alors en vogue, inspire un nouveau type de criminalité. Féru de chimie et de médecine, cultivant un goût pour le mystérieux et l’irrationnel, Valentin Verne sait en décrypter les codes. Nommé par le préfet à la tête du « bureau des affaires occultes », un service spécial chargé de traquer ces malfaiteurs modernes, il va donner la preuve de ses extraordinaires compétences.
Mais qui est vraiment ce policier solitaire, obsédé par la traque d’un criminel insaisissable connu sous le seul surnom du Vicaire ?
Qui se cache derrière ce visage angélique où perce parfois une férocité déroutante ?
Qui est le chasseur, qui est le gibier ?
Dans la lignée des grands détectives de l’Histoire, de Vidocq à Lecoq en passant par Nicolas le Floch, un nouveau héros est né.
Avis
Au niveau stylistique, les premières pages mettent immédiatement en condition. On y retrouve un français riche, avec par moment un vocabulaire argotique d’époque mais compréhensible. Il y un phrasé suranné. Comme souvent avec les romanciers, on a l’impression que le début a été très travaillé, voire trop travaillé. Et puis, au fil des chapitres, on s’y fait. Et puis, à partir du premier tiers, on se dit que : pourquoi en cours lit-on uniquement des livres écrits à l’époque, et non un livre bien écrit dans le « style d’époque », mais qui en plus bénéficie d’un scénario au rythme moderne et efficace.
L’histoire s’inscrit dans l’Histoire, celle de Paris et de la Monarchie de Juillet. Mais également au niveau de l’histoire des sciences, des mathématiques, de la physique et de la médecine. L’auteur est aussi professeur universitaire en pharmacie, et cela se sent dans à la fois dans les détails scientifiques et dans le degré de recherches historiques nécessaires pour préciser autant le contexte. La postface est riche en détail à ce sujet.
Au niveau des personnages, Valentin est un personnage charismatique, qui mélange des éléments assez typiques : beau comme un ange, sombre voire ténébreux, solitaire et mystérieux, obnubilé par une affaire personnelle, mais à la curiosité piquée par l’enquête en cours. C’est un inspecteur qui est très concerné par les sciences, à la manière d’un Sherlock Homes, et on a le droit aussi à un peu de Vidocq. On a aussi 2 personnages féminins plutôt intéressants dans cette affaire.
L’histoire entremêle plusieurs fils : l’enquête en cours, et une autre plus personnelle. Celle-ci est troublante : des maltraitances d’un dénommé Vicaire sur de jeunes garçons prisonniers. Cette partie du récit épistolaire est troublante, dérangeante car très précise, mais aussi très pudique. L’auteur est aussi féru en psychologie, et cela se sent. L’écriture est très bien dosée.
Au niveau du scénario, le récit est très rythmé, plein de rebondissements, de doutes, de règlements de compte, d’énigmes, de phases d’actions et des phases d’interrogatoires ou de surveillances. Le récit est efficace. L’incertitude est très bien utilisée : à 4 reprises, j’ai senti venir certaines grandes révélations, et le doute est toujours bien instauré. C’est remarquablement bien construit.
Au total, malgré le titre de l’œuvre, c’est bien un récit historique policier uniquement. Et sincèrement, cette œuvre qui a eu le prix de la presse est excellent. Le tome 2 est déjà disponible, mais pas encore en audio. Dommage, car la prestation audio de *** est absolument excellente, j’ai beaucoup aimé sa voix et son jeu d’acteurs.