La Chasse fantôme
De Hermine Lefebre
Editions Scrinéo
Quatrième de couverture : Il y a quatre cents ans, les Veilleurs ont caché l’esprit du Coryphée parmi les hommes et scellé la Chasse fantôme dans le monde magique. Mais un soir, à Altenheim, le Cor est sonné, la Chasse libérée.
Agé de 16 ans, Natalis est un membre prometteur de l’Ordre des Veilleurs, grâce à son don. Mais malgré son pouvoir, il n’a pas pu arrêter les Cavaliers fantômes, ni empêcher son père de sombrer dans un profond coma. Un an plus tard, la horde meurtrière court toujours et Natalis, désormais paraplégique, est jugé responsable de la libération de la Chasse Fantôme. Suspendu de ses fonctions au sein de l’Ordre, il décide avec son frère Félix de tout mettre en œuvre pour retrouver le Coryphée. Mais cela peut être n’importe qui… Peut-être même l’un d’eux…
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La Chasse fantôme est le premier roman de Hermine Lefebvre, une autrice dont les récits m’interpellent déjà depuis des années. En effet, ce qui est l’ADN de ses œuvres sont les relations entre les personnages, et je ne cesse d’être étonnée et happée par ces rencontres, la force des sentiments, des émotions, les amitiés, la complexité des psychés, la transcendance nécessaire à chaque héros pour évoluer au fil du récit et des péripéties (ou de la cascade des coups en pleine face, pour garder une expression polie afin d’évoquer la dureté des événements que devra affronter chaque personnage).
Les Personnages :
Ici, on suit Natalis, alias le hérisson, paraplégique suite à une explosion… de sa faute. Côté culpabilité, il est servi : son père est dans le coma, son meilleur ami y passe, d’autres membres de son équipe ont été plus ou moins blessés gravement, et surtout : La Chasse sauvage s’est échappée. Or, ces créatures issues d’un autre monde massacrent à tout va, dès qu’ils rencontrent périodiquement des villes humaines. Natalis broie du noir et envoyer ses proches paître, que cela soit sa mère (qui la pauvre a été reléguée à des missions dont personne ne veut par représailles contre la famille), et son grand frère Felix, personnage charismatique auprès du lectorat et qui a un large fan club lié à sa personnalité solaire.
Obligé de retourner en cours, Natalis est rongé par la culpabilité et l’amertume. De plus, il est remisé par son clan à une mission pitoyable de surveillance de la magie dans la forêt voisine. Dans son nouveau lycée, un autre élève attire l’attention par son isolement, sa colère rentrée, ses phrases agressives, sa rêverie révoltée ou poétique, et surtout ces « crayons de couleur » : Ielisseï.
Sur fond de mal-être adolescent, de difficulté à afficher (et assumer) ses différences et handicaps, ces deux âmes tourmentées vont-elles forger une amitié solide, ou la délicate alchimie est trop difficile pour des caractères bien trop endurcis par le malheur ?
L’univers
L’œuvre est classée « Jeune Adulte », par son thème sur l’amitié et sur le harcèlement scolaire, mais il peut être lu avec plaisir par un public adulte. L’univers contemporain autant que fantastique favorise les repères, même si on est du côté de la Forêt Noire. L’aspect « magie » a une place indispensable dans le récit, sans être forcément l’élément le plus mis en avant dans l’histoire. C’est un fond permanent, indispensable à l’intrigue, mais qui joue un rôle de cadre pour que s’exprime toute la force des confrontations entre les personnages.
Au total
Ce roman est pour vous si au récit d’actions trépidantes, vous préférez les récits plus subtils où une place prépondérante aux relations et à la psychologie de personnages torturés. Le récit est servi par une écriture fluide, au mot juste et qui ne peut que susciter l’émotion et l’empathie pour des héros dont on percera, au fil des pages, la carapace autant que les secrets.