La Geste du 6ème Royaume, d’Adrien Thomas

Lu par Nicolas Justamon

Quatrième de couverture

Les cinq royaumes : des nations turbulentes et ambitieuses souvent en guerre. Au cœur des terres, un sixième royaume : la Grande Forêt légendaire, impénétrable et hostile. Dans les maisonnées de Sélénir, dans les cases de Vale ou dans les yourtes des nomades des steppes de Khara, le soir au coin du feu, on raconte aux enfants le conte suivant : tes rêves, tes cauchemars comme les créatures fantastiques des histoires que tu aimes tant peuplent le Sixième Royaume.

Alors, pourquoi un baladin perdu, une belle sorcière aux terribles pouvoirs endormie depuis cinq cents années, un jeune voleur des rues amoureux, un demi-nain commerçant débonnaire et un homme-loup monstre de foire se retrouvent-ils attirés par la Grande Forêt ?
Que découvriront-ils ? La fin d’un monde ? Le sang et les larmes ? L’amour et la tragédie ? La Geste du Sixième Royaume raconte avec un rythme effréné les destinées de ces héros malgré eux, semées d’embûches, de pièges, de doutes, de découvertes renversantes et de magies insaisissables.

Avis

En salon, les lecteurs nous demandent souvent de l’heroic fantasy. Sans réfléchir, si je dois citer des œuvres dans ce domaine, je dirais Gemmel, bien entendu, et Edding que j’aime beaucoup. J’étais donc un peu curieuse d’un roman de heroic fantasy française en tome unique édité chez un éditeur national, primé aux Imaginales, et qui avait été très mis en avant en librairie. Eh bien… je ne suis pas convaincue.

Pourtant, l’histoire commençait bien : le style était agréable. On commence avec un barde un peu imbu de lui-même qui pourtant n’en mène pas large, on retrouve un jeune voleur qui tout de suite un récit d’actions entrecoupé d’étranges éclipses narratives, puis un vieux marchant bâtard d’humain et de nain qui a été esclave et gladiateur plus jeune. Et la galerie de portraits s’enrichit. Un à un, des dizaines de nouveaux personnages prennent voix via un chapitre. Bon, épique, ça veut dire que le monde entier va être concerné.

Très vite deux camps se dessinent : l’un empli de psychopathes à part un handicapé torturé et une fille normale, ce qui ne fait pas lourd en termes de gars équilibrés pour se battre un nom du progrès. Voilà sans doute pourquoi l’humanité est mal barrée de nos jours… De l’autre, une dryade, une sorcière venue d’un autre temps, un loup humanoïde et nos trois premiers personnages. Deux camps, deux aspects du monde : la nature contre le progrès, la nature contre les villes, le sauvage contre la nature domptée, la loi du plus fort contre… hum non… là aussi c’est la loi du plus fort.

Les héros n’ont pas vraiment le choix de leur engagement, on leur dit que c’est comme ça, et quand ils soulèvent le point que sincèrement est-ce que ça vaut le coup que deux entités s’opposent en envoyant à la mort des nations entières et réclament que des héros s’entretuent par catégories : les sorcières, les danseurs télépathiques, les bêtes monstrueuses, les prophètes et les soldats empathiques, eh bien on les réduit au silence : « c’est compliqué, c’est comme ça, basta ! Va crever et avec foi, s’il te plaît ! »

Sinon, le récit comporte des peuples féeriques plutôt originaux, souvent décalés de l’image qu’on s’en fait, avec notamment ses dragons étonnants. Les combats à grande échelle sont bien menés. Même les duels sont bien gérés. Certains personnages sont plutôt sympathiques : le vieux combattant nain, l’ancien forgeron de l’Ordre de la Flamme d’Azur, et le très volontaire barde qui veut faire de son mieux.

Le récit s’appuie sur quelques retournements. Alors, les lecteurs cool ne verront pas venir ces événements. Ceux qui me connaissent savent que mon œil sait saisir ce genre de détails et que pour moi cela devient vite « beaucoup de bruit pour rien » (très bonne pièce de théâtre de Shakespeare, si vous ne connaissez pas). Les annexes proposées à travers et à la fin du livre m’ont laissée sceptique. Une partie de la fin aussi.

Au total, oui, j’ai écouté les 26 heures de cet audiobook (avec bien plus de bugs de post-production que d’habitudes avec des répétitions de phrases). Ça s’écoute. C’est intéressant par moment, avec quelques pointes d’émotion qui émeuvent la fleur bleue en moi, des combats bien gérés sans aucun doute, mais beaucoup de longueurs narratives inutiles, trop de points de vue (oui, c’est moi qui dis ça… culpa mia), et une lutte de deux concepts qui a dû mal à convaincre autant les personnages que moi-même.

J’ai appris qu’un tome 2 existait, je crains de ne pas être le public cible.