Quatrième de couverture :
Au plus froid de l’hiver, Vassia adore par-dessus tout écouter, avec ses frères et sa soeur, les contes de Dounia, la vieille servante. Et plus particulièrement celui de Gel, ou Morozko, le démon aux yeux bleus, le roi de l’hiver. Mais, pour Vassia, ces histoires sont bien plus que cela. En effet, elle est la seule de la fratrie à voir les esprits protecteurs de la maison, à entendre l’appel insistant des sombres forces nichées au plus profond de la forêt. Ce qui n’est pas du goût de la nouvelle femme de son père, dévote acharnée, bien décidée à éradiquer de son foyer les superstitions ancestrales. Inspiré de contes russes, L’Ours et le Rossignol a su en garder toute la poésie et la sombre cruauté. C’est le premier roman de Katherine Arden.
Avis :
Le titre est poétique, mais je reste dans l’idée qu’il n’est pas très bien choisi. En anglais, c’est aussi : The Bear and the Nightingale. Il m’aurait paru plus juste d’avoir « L’ours et l’hiver », mais bon.
Quelle claque, ce tome 1 ! Quelle beauté ! Quel voyage ! Que d’émotions, les enfants ! Ce tome 1 est beau, il est grand, il est sans doute l’un des meilleurs romans que j’ai lus depuis 10, 20 ou 30 ans, je ne saurai plus dire.
Le style est incroyable. Il est pur. Les phrases sont brèves et simples. Pas un mot de trop. Tout est dit, et cela avec une poésie et une justesse terrible. L’économie du mot est ici un triomphe, les images sont d’une beauté à couper le souffle. On sent très bien cet hiver, le malaise, la peur, la douleur, le froid, les sentiments des perso. Bon, je vais arrêter là les superlatifs. Tout le monde aura compris que je suis conquise et admirative.
Quant au scénario ? Nous sommes plongés dans une Russie médiévale, l’autrice a étudié cette civilisation et cette époque, et elle s’excuse pour les petits détails anachroniques, mais elle a respecté au mieux cet univers à travers le langage, les petits noms des persos, la façon de vivre, les vêtements, les habitudes, etc.
Nous suivons une famille d’un chef de clan, dont la femme est morte en couche en donnant une dernière fille, qui aurait hérité du don de sa grand-mère. L’enfant grandit au sein de sa famille aimante, avec un frère aîné qui se voue à la prêtrise, mais elle, elle garde un peu de la sauvagerie de la nature, elle voit et parle à des choses que les autres ne voient pas. Elle a été cependant remarquée par des puissances cachées au cœur de la forêt et de l’hiver. Or, ce dernier est particulièrement rigoureux, et le devient de plus en plus depuis qu’un prêtre est arrivé de Moscou et qu’il entreprend d’apprendre la peur de Dieu dans les cœurs des habitants, quand il ne peint pas des icônes pieuses. Depuis, les gens meurent, mais n’est-ce pas une partie même du cœur de la Russe qui est en train d’être tué ?
Ce récit est vraiment fort et l’héroïne du TOME 1 est absolument réussie. Ce qui percute tout de suite, c’est sa bonté, ses qualités, sa droiture, son honnêteté, sa préoccupation des autres, sa gentillesse. Elle fait des bêtises, des erreurs, mais elle est droite et a le cœur bon. Elle reste profondément croyante dans la foi de sa famille, même si elle a l’esprit ouvert aux créatures domestiques et autres esprits de la nature. De l’autre côté, dur comme les cloches de métal, la religion n’est pas celle de la charité, mais celle de la peur, de la terreur qui doit motiver les hommes à vivre dans une seule et unique ligne.
Dans ce tome 1, on passe par toute la palette des sentiments au rythme d’un récit palpitant avec de nombreux rebondissements, des rencontres incroyables (et j’en pince sincèrement pour le Roi de l’hiver, cela n’étonnera personne), des drames et du dépassement de soi.