Havensele, T1 : Cité noire, de Charlotte Bona

Editions Rroyzz, 388 pages, 20 €

Résumé :

Je me nomme Cité. Je ne suis pas humaine. Je vis dissimulée dans les profondeurs de la terre d’Islande. Je me suis éveillée à la fin d’une de vos guerres, happée par la douleur de ceux qui avaient connu vos camps de la mort. Votre pouvoir de destruction à Hiroshima et Nagasaki m’a terrifiée. J’y ai vu votre avenir : un chemin semé d’hécatombes jusqu’à votre complète extinction. Je suis une mère, une louve pour mes enfants, mes humains appelés dans leurs rêves et transformés par mes soins. Eux seuls survivront à l’apocalypse nucléaire. Nous sommes en 2021 et je demeure votre unique espoir.

Avis :

Il s’agit d’un premier roman de Charlotte Bona. La science-fiction n’est plus réservée aux auteurs masculins. Charlotte Bona apporte sa touche personnelle à ce genre, en basant son récit sur des personnages forts, en suivant une trame scénaristique solide et avec un fonds scientifique (sur le climat et les répercussions politiques et économiques) qui m’a impressionné. Il faut dire que je ne connais pas bien ce domaine, ni les organisations qui s’en occupent. On sent des recherches poussées dans le domaine.
Au niveau des personnalités, là encore, le récit fait plaisir, car les personnages ont déjà beaucoup vécu. J’ai beaucoup aimé les personnages secondaires qui ont autant de force que les premiers rôles, j’ai surtout apprécié le personnage de Jonas. En tout cas, tous ont de l’expérience, souvent tragique de la vie, ils ont des ambitions, du caractère, et également quelques faiblesses qui servent le récit. Quoi qu’on en dise, il y a une romance dans ce récit, mais pas un truc niais, c’est juste que tomber sous le charme d’autrui fait partie de la vie. Mais connaît-on vraiment les gens qu’on pense aimer ? Ou que l’on soutient ? Il y a aussi beaucoup d’amitié, de fidélité et de liens forts qui animent les différents personnages. Ce récit parle aussi de la confiance qu’on place dans autrui. De la patience également, du temps qu’on se donne pour connaître les autres.
En dehors de l’aspect scientifique, ce texte a une composante particulière dans la présence d’une entité extra-terrestre qui se réveille sur Terre au moment des deux bombes nucléaires de la seconde guerre mondiale. L’entité réalise que l’humanité court à sa perte et décide de bâtir une arche de Noé pour « humains », mais pour cela, elle les modifie génétiquement, leur conférant des pouvoirs en fonction de la qualité de leur ADN. Pour recruter de nouveaux élus, l’entité délègue à travers les pays des unités d’émissaires. Or, certains d’entre eux se mettent soudain à agir de façon incohérente, risquant en même temps de trahir le secret de la communauté.
On entre là dans deux autres axes du récit. D’un côté, l’enquête sur les émissaires qui agissent étrangement, ce qui donne lieu à de scènes d’actions et à montrer la part d’ombre de certains personnages. De l’autre, on est dans la construction d’une société qui est loin d’être une démocratie, avec ses codes, ses lois et son culte interne. Là aussi, on est dans un axe intéressant du récit, car cela nous pose question sur ce que nous pourrions considérer comme la société idéale de demain.
En bref, j’ai dévoré ce premier tome en une seule journée, à la façon d’un page-turner. J’ai apprécié l’intelligence de ce récit, les questions qu’il pose dès qu’on se met à réfléchir à ce qui se passe sous la surface, voire sous la Surface de cette Terre de notre futur proche.
Alors, n’attendez pas 2021 pour découvrir ce récit.