Le Cycle des Seuils, Robert Donaldson

Le cycle des Seuils, de Robert Donaldson
Edition : Press Pocket, pour les 3 premiers tomes

La belle policière Morn qui avait été kidnappée par l’infâme, horrible et solitaire pirate Angus se retrouve libérer par le beau corsaire interstellaire Mike avec qui elle prend la poudre d’escampette. Voilà ce qui se raconte sans doute dans les tavernes sordides de la frontière. Voilà qui a des allures de conte de fée, car en fait la véritable histoire est tout autre.

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Le Cycle des Seuils (Gap Series) compte 5 tomes dont la Véritable histoire est le premier, on peut trouver en France aux éditions Press Pocket le tome 1 à 3, mais il vous faudra partir en import pour lire les tomes 4 et 5.

La série comporte donc de façon chronologique :

  • The Real Story (la Véritable histoire)
  • Forbidden Knowledge (le Savoir interdit)
  • A dark and hungry god arises (L’Eveil du dieu noir)
  • Chaos and Order
  • This day all gods die.

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 Donalson est connu pour être l’écrivain des Chroniques de Thomas l’Incrédule, roman que j’avais lu dans ma jeunesse et auquel je n’avais rien compris. Ce qui n’était pas étonnant quand on sait qu’à l’époque, 50% de l’un tome de la série a été censuré (celui où Thomas s’envoie en l’air avec celle qu’il découvrira plus tard être sa fille…). La compréhension du reste du récit et de la saga pâtit grandement de cet élagage. Un jour, il faudra que je lise la version intégrale en VO. Seulement, je traîne la patte, car Thomas n’était pas très sympathique comme personnage. Mais il est vrai que Donaldson est un spécialiste en héros détestables… Il cite souvent son enfance pour expliquer qu’avec un père qui travaillait à soigner les lépreux, il a côtoyé son lot de personnes repoussantes au premier abord et que pour lui, c’est la normalité, et qu’il est temps d’aller au-delà.

C’est exactement ça, le cycle des Seuils. Reprenons donc ce tome 1 « La Véritable histoire » et son aspect sulfureux :

Morn est une jeune policière qui accomplit sa première mission longue dans le vaisseau spatial de son père et de sa famille. Ils prennent en chasse Angus, un pirate solitaire, qu’ils ont vu tuer des mineurs innocents pour récupérer de quoi réparer son vaisseau. Angus tente un saut spatial pour prendre la fuite et ne voilà-t-il pas que le vaisseau policier derrière lui explose ! Toujours en mal de matériel, Angus part sur le vaisseau qui a chaviré et découvre que Morn est atteint du Mal du Seuil : quand son vaisseau accélère pour un saut, elle entend le chant de l’univers et elle pousse l’autodestruction. Elle vient donc de causer la perte de son propre navire. Angus embarque une Morn déboussolée, lui colle un implant cérébral pour la faire tenir tranquille au prochain saut et dégage rapidement des lieux. Il n’a rien contre avoir un larbin pour l’aider à la maintenance ou aux manœuvres,  et en plus la belle Morn est très très appétissante surtout pour un homme aussi laid que lui…

Enfin, bref, Morn ne va passer un grand moment de bonheur avec son tortionnaire et saisira la première œillade avec un corsaire beau gosse pour tenter de s’extraire de la situation d’esclave désespérée où elle se trouve.

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Le roman est écrit avec la plume de Donaldson : c’est simple, tranchant, facile à lire, et ça prend aux tripes tellement les affrontements de sentiments sont forts. Ce tome 1 est assez sordide, il faut l’avouer. Mais alors pourquoi je recommande à fond cette série qui est MA série préférée de SF ?

J’aurai fermé le roman pour ne jamais poursuivre sans la postface. Et quelle postface ! L’auteur explique pourquoi son roman l’insatisfait lui-même : il manque la suite. Il manque les explications, la profondeur, l’utilisation des références culturelles qu’il comptait utiliser. Alors, pourquoi ne pas donner sa chance à l’auteur et voir où il voulait vraiment nous emmener ?

Si vous vous laissez tenter,  comme je le fis, ça sera la claque totale ! Un complot d’une ampleur imprévisible, des traîtrises en série, de la manipulation, de la politique, un conflit intergalactique. Les personnages sont haut en couleur, « vivaces » et permet serve de focales à cette série chorale. Vous y trouverez aussi la définition exacte du drame avec son perpétuel changement de rôle entre le héro-la victime-le tortionnaire. Certains personnages seront tirés vers le haut, vers le véritable sens du mot « héroïsme », tandis que d’autres vont sombrer dans de terribles bas fonds.

Cette série compte des millions de ventes à l’étranger. Pourquoi donc était-elle incomplète chez nous ? Là aussi, c’est le drame ! Si vous lisez en anglais avec un niveau honnête, lancez-vous ! Vous ne le regretterez pas.