Quatrième de Couverture
En voilà un projet « au-da-cieux » pour la centième planète : l’HOMO SAPIENS ! Nos chefs étaient ravis. Charge à nous, simples larbins de la Création, de veiller au suivi du chantier. On ignorait alors qu’atteindre un score de paix potable avec une créature pareille, ça allait être si compliqué.
Depuis des millénaires, on prend possession de corps humains et on prêche discrétos les vertus de la paix. Verdict ? Peut mieux faire. En ce XXIe siècle, on redoute même un imminent foutoir apocalyptique. Notre mission : éliminer une « preuve divine ». Sur le papier, la routine… Mais à force de vivre dans ces peaux imparfaites, toute la chimie humaine s’est imposée à nous : coups de chaud, de froid, de pompe, de blues, de foudre, de gueule… Et malgré nos centaines de milliers d’années au compteur, rien ne nous y avait préparés !
4e de couv :
Voici un livre qu’on m’a offert. Or, j’ai eu un affreux priori quand on m’a annoncé « le petit mot du libraire dit que c’est très drôle, c’est une bande de bras-cassés d’extraterrestres qui doivent effacer toute trace de Dieu et de la religion pour obtenir la paix sur Terre ». Et qu’on a rajouté : « Tiens, regarde les critiques derrière le livre : ils disent que c’est drôle, décalé, ambitieux, rocambolesque, avec des sarcasmes au vitriol ».
Hum… Force est de reconnaître : l’humour, c’est intime. Allez, ce livre est un divertissement, il est « amusant », dixit l’autrice des Missives d’Etherval, spécialiste d’un humour potache bas de gamme. Ici, comiques de mots et de situations, écarts fréquents en absurdie. Par contre, ne cherchez pas de la finesse ni dans l’humour ni dans les rebondissements.
Le scénario est assez bien résumé par les avis et la 4e de couverture. Les Héros sont des « Boueux », des petites mains du service de maintenance envoyés par les Scribes de la Ruche sous le nez des Dirlos et des Vigiles pour aller remuer la trame du temps afin d’éviter une grande révélation : « la Preuve de l’existence de Dieu ». Cela serait le drame entre toutes les religions de la Terre pour savoir de quel Dieu il s’agit, guerre totale assurée !
Dans ce roman, o a une critique du système administratif ; des dossiers maquillés par les supérieurs hiérarchiques pour couvrir les bourdes ; les conséquences de jouer avec la trame du temps ; et bien entendu une critique de ces religions de paix qui prônent l’humilité, voire la pauvreté, mais qui suscitent aussi la guerre ; des religions basées sur la crainte et sur un système de récompense, des religions sur lesquelles le capitalisme peut surfer aussi bien qu’il s’agissait de biscuits ou de couches-culottes si l’on peut se faire de l’argent.
On suit en particulier 3 Boueux : Gabriel alias Mitraillette à la mémoire phénoménale, à l’obscénité facile et à la vitesse folle sur les autoroutes ; Raphaël qui garde le souvenir d’un amour ancien et un goût immense pour la littérature dont la poésie de Baudelaire (même s’il n’a rien contre un petit feuilleton des Feux de l’Amour) ; Eyaël passionné de langues anciennes, un être aussi posé que rêveur, toujours en quête de liberté. Ils sont attachants, c’est sûr. Et ce ne sont pas des flèches, ça c’est très sûr ! Idem pour l’antagoniste, policier de son état, un petit gars tenace, qui a senti aiguille sous roche et veut mettre la main sur nos lascars.
Au niveau narratif, le récit abuse de l’anecdote, de la digression et de l’analepse, on se perd dans la narration, comme nos trois paumés. Les Fusils de Tchekhov sont bien positionnés. Le début du livre est bien mené, jusqu’à la scène drôle (vraiment) du 2e assassinat, puis il y a un gros ralentissement où l’intérêt est plus difficile à conserver, avant que la fin, avec Babel, vienne relancer la cadence.
Heureusement que la poésie de Charles Baudelaire est présente, bien utilisée, rythmant le récit, elle relance l’intérêt et la curiosité. Comme quoi, il faut toujours donner une chance à un roman jusqu’à la fin.